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Nous vivons dans un pays qui baigne dans la culture du football. Nous ne pouvons pas assurer que nous sommes une grande nation du football, mais c’est bel et bien une passion que nous percevons et ressentons au quotidien. Le football a conquis nos cœurs, mais aussi nos maisons, nos cafés, et nos places publiques. Aucune parcelle de ce pays ne reste immunisée contre l’intérêt porté au football. Ceci a fait en sorte que chaque marocain, quelles que soient ses origines ou sa classe sociale, penche vers un club ou un autre. Mais aucun de nous ne peut nier que le club le plus populaire dans ce pays est le Raja, et il porte bien fièrement le surnom de « club de peuple » pour cela. Ceci n’est pas un jugement subjectif, mais un constat. Les supporters de ce club se comptent par millions, et sont disséminés dans les quatre recoins de ce pays.
La diaspora du Raja a donc quelque chose de particulier, et elle nous pousse à nous poser cette question : Comment devient-on Rajaoui ? Est-ce que l’on choisit par soi-même de le devenir, ou y sommes-nous prédestinés ?
Le libre-arbitre est défini par la liberté du choix. Nous pouvons choisir ce que bon nous semble, sans intervention ou impact extérieur. Ce libre-arbitre n’est vrai que si le principe des possibilités alternatives est valide. C’est-à-dire, notre choix est libre, seulement si nous pouvons faire ce choix autrement. Par exemple, si je dois choisir d’acheter un maillot vert, parmi d’autres couleurs, je ne suis réellement libre de ce choix que s’il existe la possibilité de choisir une autre couleur, disons par exemple rouge.
Pour appuyer la puissance de cette théorie, n’allons pas plus loin que notre propre groupe. La diversité et la richesse des sections Ultras Eagles prouve qu’il n’est pas nécessaire de naître et grandir à Casablanca, mais qu’on peut bel et bien être libres de choisir une équipe que nous pensons mériter notre fidélité et notre engagement. Aux quatre coins du royaume, et parfois jusqu’au bout du monde, des jeunes ont décidé de se joindre à une même cause, et derrière une même bannière. Ils ont défié leur environnement naturel, pour en choisir un qui dépasse toutes les normes sociales. Parfois, ils sont oppressés et pris dans le viseur d’acteurs qui refusent leur fidélité à une entité « externe » à leur culture. On va même jusqu’à les traiter de « Mortaziqa », ou « mercenaires ». Hormis tout cette pression et préjugés, ils gardent la foi et restent loyaux au RAJA et au groupe qu’ils ont choisis.
Ainsi, le libre-arbitre vient contester ce qu’on a pensé être une loi universelle : le déterminisme. Mais une autre école philosophique va chercher à trouver un compromis entre les deux. « La meilleure des choses est leur juste milieu ».
Les philosophes de l’école du stoïcisme proposent que nous devions nous considérer dans un constant équilibre entre déterminisme et libre-arbitre. La métaphore qu’ils présentent pour imaginer cet équilibre est la suivante : prenons un chien, attaché par une laisse à un chariot en mouvement constant. La laisse est assez longue pour que le chien puisse se déplacer autour du chariot et découvrir ce qui existe dans son environnement comme bon lui semble, mais cette même laisse est limitée en longueur pour rappeler le chien à suivre le mouvement du chariot quand il s’éloigne. La laisse n’est donc ni trop longue ni trop courte, pour que le chien ne soit pas traîné de force constamment par le chariot, mais qu’il puisse profiter un peu pour le suivre au trot. Ce chariot peut-être la traduction de tous ces éléments qui nous entourent durant notre vie sur Terre, et qui nous poussent à faire des choix, que ce soient nos croyances, nos opinions politiques ou notre background historico-culturel.
Cette métaphore puise son principe dans la théorie du compatibilisme. Cette dernière propose que le libre arbitre et le déterminisme sont compatibles, c’est-à-dire qu’il est possible d’être à la fois déterminé et libre.
Le compatibiliste dirait qu’il existe certainement des facteurs déterminants dans notre vie, que ce soit notre entourage, notre société, ou nos habitudes traditionnelles et culturelles, mais quant il s’agit de faire un choix, nous avons une liberté, relative si on peut dire, par rapport à ce choix. Cette nouvelle philosophie vient donc créer un terrain d’entente, ou un juste milieu entre libre-arbitre et déterminisme. Toutefois, pour expliquer pourquoi cette liberté est « relative », il faut discerner entre facteurs externes d’influence, et facteurs internes. C’est-à-dire que si mon choix puise son influence dans la famille ou la culture dans laquelle j’ai grandi, ceci est un facteur extérieur, mais en revanche si ce choix est basé sur mes désirs intérieurs, là nous sommes face à un facteur interne. Ceci a poussé les philosophes déterministes a changé la direction de leur réflexion : on ne se demande plus « est-ce que je suis libre de mes choix ? » mais plutôt « combien suis-je libre de mes choix ? ». Ici, nous parlons de contrôle sur nos choix. Combien sommes-nous influencés par des facteurs externes/internes ? Combien de contrôle ai-je sur mes choix ?
La situation la plus simple pour comprendre cette nouvelle réflexion, est d’imaginer quelqu’un qui éternue pendant que nous sommes en train de manger. Nous n’avons pas la main sur l’action d’éternuer, nous ne contrôlons pas quand et où nous allons éternuer, puisque cela est la conséquence de facteurs externes (allergie, présence de poussière, etc). Cependant, lorsque je vais éternuer, je sais que je m’apprête à le faire, donc j’ai le choix de m’orienter pour éternuer dans une certaine direction, et j’ai aussi le choix de poser ma main ou mon coude pour ne pas créer la zizanie. J’ai donc un certain ratio de contrôle sur ce que je vais faire.
Cette théorie du compatibilisme est souvent utilisée dans la littérature et la cinématographie pour illustrer le pouvoir que nous avons entre nos mains en tant qu’humains conscients de leur choix. C’est le cas du film Mr Nobody, où le protagoniste vit simultanément 3 scénarios possibles de sa vie. Cette expérience de voyage entre 3 consciences différentes débute à partir d’un dilemme qu’il vit alors qu’il est encore jeune : après le divorce de ses parents, il doit se décider entre suivre sa mère dans le train et quitter tout ce qu’il connaît, ou rester sur le quai et vivre avec son père. Il est donc influencé par plusieurs paramètres qui orbitent autour de son petit esprit innocent. Plus tard, après avoir découvert le cours des 3 scénarios possibles, il arbitre qu’il ne veut aucune de ces options, et choisit d’en créer une nouvelle : il ne suit ni sa mère, ni son père, et se libère de toutes ses contraintes pour créer un nouveau chemin indépendant pour sa vie.
Est-ce donc ce que nous expérimentons tous en tant que Rajaouis ? Malgré les influences externes et facteurs qui pèsent sur nos choix, nous finissons par suivre comme Dorothée et ses compagnons la voie royale vers le pays d’émeraude du magicien d’Oz, où règnent le vert et blanc. Quelles que soient nos origines et nos backgrounds culturels, nous sommes tous attirés par cet éclat vert qui nous emplit de bonheur pour le reste de nos jours.
Et c’est en vivant ces choses que nous déplorons le choix des autres, ceux qui n’ont pas pu accéder au privilège de rejoindre les rangs du RAJA. Ceux qui ont pris le mauvais virage sur leur route, et ont décidé de s’orienter vers les abysses. Nous ne pouvons que compatir pour ces personnes, et comprendre leur frustration éternelle. Ce sentiment profond en eux les pousse à vivre dans un déni constant, et une haine envers quelque chose dont ils ont été dépossédés : l’amour du RAJA. Bien que nous nous apitoyions sur leur sort, nous ne pouvons que conseiller à tous nos concitoyens : « Save your children, raise them up Rajaouis ». Sauvez vos enfants, éduquez-les en tant que Rajaouis.
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