ultras eagles

 

 

 

 

Depuis 2006, le groupe Ultras Eagles a mené un long chemin. Voilà aujourd’hui près de 14 années et demie d’existence, pleines de leçons apprises, d’expériences vécues et de succès remportés à la sueur de chaque membre. Une existence synonyme d’un périple périlleux nous conduisant à une pérennité, résultat de principes et valeurs que nous avions mis en place le jour où cette entité a vu le jour.

S’il fallait retenir deux principes majeurs aujourd’hui, alors nous retiendrons que le premier est que le groupe a toujours cherché à exceller dans sa manière de faire. Le second est que le groupe n’a jamais campé sur une position envers et contre tous. Bien au contraire il a toujours su se remettre en question et remettre en question ses choix selon le contexte et les circonstances.

Parlons de cette quête d’excellence d’abord. Autant vous dire que la première pensée de chacun ira vers l’excellence intellectuelle. Portée par la recherche de référence philosophiques, historiques ou cinématographiques et autres influences culturels complexes pour nos travaux (tags, messages, tifos …) ; sublimer l’intellectuel est devenu une signature du groupe. Et certes, cela fait partie du panel déployé par le groupe mais il n’a jamais constitué une fin en soi. Aux exemples : le tifo INCEPTION a repris le concept du mot Inception et sa signification dans l’inconscient collectif pour l’utiliser au profit du message voulu par le groupe. Concrètement, si une idée inspirée convient à la situation elle est utilisée. Et si une idée formulée par des mots simples et de notre imaginaire convient, alors c’est cette idée qui prime. Ce qui mène le groupe à s’inspirer d’une référence quelconque n’est pas l’obligation de le faire mais le contexte et l’adéquation ou la transposabilité de l’idée dans le message voulu par le groupe.

La complexité n’a jamais été une fin ou un objectif, plus qu’elle n’était un pinceau entre les doigts d’un groupe de militants anti-paresse cérébrale. Cette lutte reste à ce jour une des principales ambitions qui animent les travaux des Eagles. Contrairement à ce qu’on s’attend du supporter lambda, l’entité UE 06 cherche à transcender son statut de groupe de fanatiques du foot, afin de devenir une élite intellectuelle et un moteur du développement dans le paysage populaire marocain. Ainsi nous pouvons affirmer que cet effort que Ultras Eagles s’est imposé est le paroxysme de la quête intellectuelle qu’un individu peut aspirer atteindre.

Mais le groupe n’a pas fait preuve de recherche d’excellence uniquement sur ce volet. Il est obsédé par la volonté de toujours mieux faire : en apportant de nouvelles méthodes de travail sur le terrain, une nouvelle structure d’organisation qui permet de mettre le membre en valeur, ainsi que de nouvelles méthodes de communication et de travail en interne.

Le deuxième principe dont nous parlerons est la vision progressiste du groupe et qui lui permet d’adopter des prises de positions susceptibles d’évoluer dans le temps. Et il est clair qu’une partie de la mentalité Ultras Eagles se définit, à travers son historique, par le respect de certains principes qui monitorent la décision. Cependant le groupe n’a jamais hésité à se remettre en question. Comprenez par cela qu’aucune décision n’est prise légèrement et qu’aucune position n’est définitivement immuable. Illustration : Un jour nous critiquions M’hammed Fakher et quelques années plus tard nous le soutenions. L’exemple cité montre qu’aucune position n’est un parti pris définitif mais qu’il correspond à une position à un instant T.

Citons également à titre d’exemple marquant : la relation du groupe avec les médias. Cette relation a vu le jour car le groupe optait pour une approche de proximité avec le public marocain. L’explication est que l’arrivée du monde Ultras devait se faire en douceur et dans la compréhension de toutes les composantes de la société. Concrètement, il s’agissait de dédiaboliser ces jeunes adeptes d’un mouvement proche de la groupuscule-rie avec des codes vestimentaires unifiés et des chants scandés.

Mais il a fallu par la suite couper ce premier cordon. Car les médias ont eu par la suite du mal avec le concept de l’anonymat d’un Ultra. Le détournement ou l’exploitation du « buzz Ultras » est également problématique. Et l’une des dernières approches des médias envers les UE 06 s’est faite à travers le chant « F’bladi delmouni ». Les médias ont tout fait pour exploiter le « buzz » qu’a fait le titre dans le monde arabe, quitte à profiter de l’occasion pour faire l’amalgame sur les raisons de l’écriture des paroles du chant. Le groupe même durant ses prises de positions publiques a toujours su faire la distinction entre vrai sujet qui méritait intervention et des banalités.

Et c’est principalement pour ces raisons que le courant entre médias et UE06 ne passe plus. Les médias, poussés par la curiosité inhérente au métier, n’arrivent plus à comprendre le raisonnement du groupe. La problématique devient la suivante : les Ultras font le show chaque week-end tout en refusant le feu des projecteurs. Pour schématiser, c’est comme si Steven Spielberg s’acharnait à faire ses chefs d’œuvres tout en refusant qu’ils soient diffusés dans des salles de cinéma. Paradoxal direz-vous ! C’est là où réside toute l’abnégation, le sens du collectif et la primauté de l’action pour le club à celle de la célébrité personnelle ou collective. Et c’est ici que s’est opéré la rupture avec les médias. Il n’y avait concrètement plus aucun intérêt à répondre aux sollicitations.

Cette mentalité se manifeste d’autant plus sur les décisions internes du groupe, il ne s’agit pas d’être des dogmatiques, attachés aux idées ou aux pré acquis, mais de les redéfinir constamment, au point où définir quoi que ce soit peut vouloir dire beaucoup pour nous. Pour ce groupe, rien n’est une constante, sauf le “Vivo per te”, un paradigme qui reflète le rapport qu’a ce groupe au model Ultras et aux artefacts et rites liés à ce terme (bannières, Tifos, culture Underground, port du noir etc…). Pour le groupe, ces choses ne reflètent que des moyens de supporter son équipe ou de marquer sa présence et non des principes inébranlables. Elles sont aussi sujets de critiques et de remises en question constante par les membres. Et c’est par ce raisonnement que nous entendons qu’ultras a, depuis toujours, signifié ce niveau d’amour indescriptible qu’on porte aux couleurs et au logo du club et non un adjectif qui qualifie l’entité Eagles.

Durant ses premières années, le groupe a, durant un long moment, représenté les adhérents du Hay Mohemmadi et 04 par les bâches Resistenza et Senza Paura. Des appellations et une image publique d’avant-garde avec tout ce que cela suppose avaient été accordés à ces deux bâches. Et bien que le groupe vit son histoire entachée, malgré lui, de confrontations, il a aujourd’hui et depuis plusieurs années pris la décisions d’éviter tout conflit et d’adopter un nouveau principe, celui du « 0 membre en prison ». Cette décision radicale de s’éloigner de toute forme de violence – violence qui a toujours fait partie du mouvement Ultras – est prise en âme et conscience et en pesant les dégâts collatéraux et indirects que peut causer un conflit dans un quartier ou une zone. Le risque de voir des parents endeuillés ou attristés par l’emprisonnement d’un fils ou d’un proche est bien plus pesant qu’une pseudo-suprématie.

C’est ainsi que la recherche du meilleur et l’esprit progressiste et de remise en question a guidé le parcours de ce groupe à travers ces années d’existence.